Brume Légère, Vent d'Hiver. ► Libre.

Vent d'Hiver

« Saperlipopette ! Il fait un froid de canard ici ! »

Dis-je en me réveillant plus ou moins abrité par les racines de ce grand chêne. Je soupire et un petit nuage de fumée apparaît devant ma gueule. Je fronce les sourcils d'abord frustré, puis amusé par ce nuage, je commence à souffler et essayer de ravaler cette fumée blanche qui n'est rien d'autre que de la vapeur d'eau : Pathétique. Je ronronne et commence à sautiller un peu de partout comme un chaton avant de tousser de ma voix rauque pour me reprendre.

« Hum ! Faut que j'arrête mes délires un peu. Ah ! »

Je me parle bien à moi même, vous ne rêvez pas. Rien de compliqué, je m'encourage avec des dialogues solitaires semblables à ma vie personnelle. Je m'arrête et renifle un instant, appâté par cette douce odeur de chair fraîche. Je marche le museau en avant, les yeux fermés et en posant une patte devant l'autre. Je dois avoir une démarche assez comique. Stop. Là. Ou là ?! Ou peut être là bas ?!

On pourrait me prendre pour un fou. Je fais volte-face et reviens en courant sur mes pas, je retourne vers ma couchette de la nuit et fouille dans le petit nid en mousse. Je m'étire et attrape du bout du museau une petite plume blanche. Je la pose contre mon oreille et emmêle mes poils de sorte à ce qu'elle reste en place avant de repartir.

Je me retrouve rapidement face à un mur. Mais pas n'importe quel mur, un mur sensé être infranchissable tel les barreaux d'une cage. Stop. Je traverse la frontière en sifflant et en traînant des pattes pour montrer mon désintérêt pour celle ci. Si j'ai quitté les Clans c'est pour quelque chose donc maintenant leurs coutumes à la … Hum. Ils peuvent les garder pour eux si vous voyez ce que je veux dire. Je m'arrête et regarde sur le côté, un énorme sourire aux babines et je miaule, peu surpris de croiser un matou clanique par ici :

« Bonjour ? »

Puis je détalle en courant, retenant plus mes larmes de rire. Je zigzague entre les arbres bien déterminé à semer ce matou qui semble m'avoir pris en chasse. Zut. Flûte. Souris. Lapin. Manger. Oh, j'ai oublié de manger. J'ai faim maintenant. Voilà. Perdu dans mes pensées, je ne me rends pas compte qu'un tronc d'arbre s'approche à grande vitesse de mon museau, je l'évite au dernier moment mais trébuche sur une racine et roule dans la poussière.

« Hurmf. Ouch. Ya !!! Waaaaaaaaouh ! »

Spoiler:

Dans la combe rocheuse, une pluie de feuilles roussies et jaunes vint s'abattre contre les hautes paroies. Etoile de Renard rentra sa tête dans ses épaules en frissonnant avant de descendre de la Corniche. Il s'entretint quelques minutes avec son lieutenant, donnant ses directives pour la journée puis il détala vers la sortie du camp, ignorant la perplexité de ses camarades qui devaient sûrement se demander où il allait comme ça, tout seul. Le rouquin désirait juste se dégourdir les pattes et attraper quelques proies sur son chemin tant que la brume matinale le cachait.
La Saison des Feuilles Mortes ne sera pas trop difficile pour lui, son pelage couleur de feu se confondrait ainsi aisément. Etoile de Renard se concentra sur son environnement, à l'affut du moindre bruit. Malheureusement, il dût se rendre assez vite à l'évidence, les proies se protégeaient du froid mordant. En effet, ces derniers jours, la température avait chuté, surprenant les guerriers du Clan du Tonnerre.
Le matou au pelge flamboyant grimpa sur un hêtre puis se issa jusqu'aux branches. Il chasserait dans les arbres, c'était un spécialiste pour ça. Aussi à l'aise qu'un écureuil, il attrapa un pigeon et surprit un mulot au sol. Le rouquin enterra ses prises, ensuite, il se remit en quête de gibier.

Il entendit alors du raffut au loin. Qui est-ce ? Peu importe, il va effrayer toutes les proies jusqu'au territoire du Clan de la Rivière ! se dit-il en courant dans la direction du bruit. Etoile de Renard se cacha entre les feuilles des branches, denses, et regarda en contre-bas. Il y avait un matou noir et blanc qu'il ne connaissait pas, en tout cas, son odeur indiquait qu'il n'appartenait à aucun clan. Alors que le meneur allait le rappeler à l'ordre, l'intrus s'enfuit en rigolant comme une oie. Etoile de Renard le prit donc en chasse, il put voir ensuite le solitaire trébucher et s'étala de tout son long dans la terre meuble de la forêt. Le félin roux bondit alors de son perchoir pour atterir sur le chat bicolore.

▬ As-tu perdu la tête ? Tu n'as pas remarqué que tu te trouvais sur le territoire du Clan du Tonnerre ? gronda Etoile de Renard, se donnant un air furieux.

Vent d'Hiver

Clap. Clap. Clap. Clap, clap. Clap. Clap. Clap. Voilà ce que j'entends des pas lourds du matou qui m'a prit en chasse. Un éclair de fourrure rousse qui tombe du ciel. Il est tombé du ciel ! Vous ne vous rendez pas bien compte de ce que cela veut dire. Il. Est. Tombé. Du. Ciel. Mon dieu faut que je lui demande comment il a fait ! Je veux apprendre. Je continue ma course effrénée qui sera rapidement stoppée lorsque je me mange le sol. Un poids lourd tombe rapidement sur mes épaules et me coupe le souffle. Bah tient donc, il est pas léger celui là !

« As-tu perdu la tête ? Tu n'as pas remarqué que tu te trouvais sur le territoire du Clan du Tonnerre ?  »

Il fronçait pitoyablement les sourcil ce qui lui donnait un air comique. Je glousse bêtement. Le Clan du Tonnerre a, de base, une belle réputation. Tient donc, les choses ont bien changé depuis le temps. Je me débats vite fait pour voir s'il relâche l'étreinte mais apparemment il est solide. Très bien.

« Ah ah ! Moi ? Fou ? Vous m'faîtes bien rire vous les chats des Clans à vous croire toujours supérieurs ! »

Je glousse à nouveau avant d'imiter la tête de mon assaillant. Ils sont bien bizarres ces chats, on dirait qu'ils ont perdus tout goût à l'amusement. Je ferme les yeux un instant et les rouvre en regardant derrière le chat, admirant la beauté des arbres d'automnes. Aaaaah. Qu'est-ce qu'elle est belle cette saison !

« Vous ne vous êtes jamais dit que c'était p't'être vous l'problème dans la forêt ? »

Je crache ces mots pour lui faire comprendre que j'ai pas envie de perdre du temps avec des chats comme eux. J'inspire un grand coup en regardant derrière lui comme si quelque chose m'effrayait. Il tourne un instant la tête et avec mes deux pattes arrières je le fauche et me relève le laissant lui au sol en grinçant :

« Vos entraînements ne sont plus ce qu'ils étaient apparemment. »

De la pure provocation. Un rictus se forme dans le coin de ma bouche et je grogne, satisfait.

Le solitaire se mit à glousser bêtement puis répondit que les chats des Clans se croyaient supérieurs. Ensuite, il se remit à rire. Le matou bicolore se donna un air bizarre. Est-il en train de m'imiter ? se demanda le rouquin. Il ferma les yeux un instant puis regarda derrière lui, l'air détendu. Une seconde après, il feula avec dégoût qu'ils étaient le problème dans cette forêt. Etoile de Renard le toisa, il ressentait de la pitié pour ce chat - qui visiblement, commençait à devenir fou. Etant distrait par ses pensées, Etoile de Renard ne s'était pas attendu pas à ce qu'il attaque.
Le solitaire profita de ce moment de flottement pour le faucher avec ses pattes arrières. Le meneur du Clan du Tonnerre tomba lourdement sur le sol.

▬ Vos entraînements ne sont plus ce qu'ils étaient apparemment, fit-il avec un petit rire, et un grognement.

Intérieurement, le rouquin s'en voulait de n'avoir pas assez fait attention mais il remarqua une chose. Comment ça, nos entraînements ? Un léger sourire s'étendit sur ses lèvres.

▬ De quel Clan étais-tu ? Enfin, plutôt devrais-je dire, quel Clan s'est débarrassé de toi ? miaula-t-il, curieux et un peu provocateur à la fois.

Remarque, si j'étais son chef, j'aurais sans doute fait la même chose... Ce chat a complètement perdu la tête. Etoile de Renard pensa alors ce qu'il ferait si son Clan le rejetait. Il serait certainement dévasté et perdu, errant près du lac sans but. Ce devait être terrible, d'être abandonné par ses propres camarades.