Piégée [PV Pluies Diluviennes]

Fleur Noire avait quitté le camp assez tôt, sans même prévenir son apprenti. Sa fourrure la démangeait depuis l’arrivée de la saison des feuilles mortes, les plantes poussaient mal. Elle craignait l'apparition fulgurante de la maladie dans le Clan, sans qu'elle puisse soigner ses patients. Une épidémie de mal vert, elle avait connu, à l'époque où elle n'était qu'un chaton pleurnichard dans la pouponnière. Son père avait failli en mourir, il y avait réchappé, contrairement à d'autres...
Toute la nuit, elle avait réfléchi à de possibles endroits où trouver des feuilles de bourrache, un anti-fièvre très efficace, et les marais seraient une bonne solution. Oh, non, pas les marécages qui bordaient son territoire, il n'y en aurait pas, le sol était trop instable. Mais au Clan de l'Ombre, la terre était solide et humide, permettant aux plantes de pousser sans problème. Et puis, elle serait discrète ♥

Une fois la frontière passée, la guérisseuse ne se fia plus qu'à son odorat. Elle avait beau avoir un rang intouchable et sacré, elle préférait venir incognito. Elle s'enfonça dans la forêt de pins, l’œil vif, les oreilles droites, et surtout, très lentement, en faisant attention de ne pas marcher sur des brindilles.
Un étang apparut devant elle, propice à la poussée des plantes médicinales. L'eau était bordée d'une tourbière couverte de brume. Prudemment, Fleur Noire s'avança dans les marais et renifla chaque plante qu'elle croisait. Mais pas de bourrache... Si ça se trouve, le guérisseur du Clan de l'Ombre avait tout pris et cette seule idée fit soupirer Fleur Noire.

Soudain, la guérisseuse se trouva bloquée : une de ses pattes s'était enfoncée dans la boue. Elle essaya de la retirer, en vain, et perdit l'équilibre. Ses hanches s'affaissèrent, elle se trouva embourbée, les pattes coincées. Agacée, Fleur Noire remua comme une poisson en train d'asphyxier, mais plus elle se débattait, plus elle s'enfonçait.