La ramène pas trop × Nuage de Blaireau

Le soleil se lève, illuminant la petite île où le Clan de la Rivière a installé son camp il y a des lunes de cela. Bercée par le bruit de la rivière, Plume Fauve tarde à se lever. Fatiguée de sa soirée dernière, c'est son frère qui la tire de son profond sommeil en la secouant du bout de la patte, traitant sa sœur de marmotte. « Vas voir ailleurs si j'y suis. » miaule-t-elle agacée, sans pour autant parvenir à prendre un ton plus cinglant. Mais son frère insiste, lui ordonnant presque de venir chasser avec lui. Lui donnant un coup plus puissant que les précédents, il prétexte que toutes les autres patrouilles sont déjà partis et qu'ils ne restent plus qu'eux. « T'es fatiguant … Et arrête de me secouer, je me lève je me lève ... » ronchonne-t-elle en s'étirant avant de se mettre debout. Prenant directement la sortie du camp, elle murmure dans sa moustache « Et j'ai même pas le temps de manger. Tu vas me le payer espèce de sac à puce. » tout en s'enfonçant dans l'eau pour rejoindre l'autre côté de la rive. Bien trempée et surtout bien réveillée, elle s'éloigne le plus possible pour pêcher en paix.

« ESPÈCE DE CERVELLE DE POISSON ! » crache-t-elle en reculant de l'eau sans s'appuyer sur sa patte avant droite. « Par ta faute non seulement j'ai loupé mon poisson mais en plus je me suis coupée ! » miaule-t-elle furibonde. Elle s'assoit pour observer sa plaie, bien plus profonde qu'elle ne l'avait imaginée. La coupure s'étend de ses coussinets en remontant jusqu'à la moitié de sa patte. Son frère s'approche et lui propose son aide que Plume Fauve refuse, toujours furieuse. « Je vais voir Fleur Noire, essaies de me ramener de quoi manger parce que je ne suis pas prête de te pardonner. » dit-elle sans vraiment le penser. Malgré tout, elle se lève et repart en direction de la petite île malgré la difficulté. « Fleur Noire ? » interroge-t-elle en rejoignant la tanière de la guérisseuse. Mais celle-ci semble être absente.

Le poisson file entre ses pattes tandis qu'elle trébuche entre les rochers gris sombre. L'une d'entre elles, plus aiguisée que les autres, s'enfonce dans sa peau fine et lui tire un feulement de rage et de douleur. Tandis que la guerrière au pelage à la foi sombre et flamboyant sort de l'eau froide, son frangin se recule l'air tout penaud. Malgré la pitié qu'il inspire avec ses oreilles couchées en arrière et sa queue touffue entre les jambes, la guerrière n'a aucune pitié pour lui et l'incendie sans compassion. Le grand mâle s’aplatit un peu plus contre le sol sans oser défier sa sœur dont les iris verts lancent des éclairs. Toujours furieuse, elle avance sur trois pattes en direction du camp en continuant de morigéner contre Patte de Granit.

Fatiguée par ses boitillements, Plume Fauve pousse un soupir de soulagement en entrant dans le gîte de la guérisseuse. Elle s'assoit, miaulant le nom de Fleur Noire dans l'espoir qu'elle soit là et qu'elle puisse vite guérir cette vilaine blessure. Malheureusement, le parfum de la petite chatte est éventé. Tout ce qu'elle remarque, c'est l'odeur de son nouvel apprenti : Nuage de Blaireau. Celui-ci confirme avec humeur les soupçon de la grande chatte rousse. Elle se retint de feuler et de lui donner un coup de patte griffes sorties. Petit impertinent. Essayant de reprendre son calme pour décontracter sa mâchoire et éviter de casser ses crocs, elle lèche sa blessure en fronçant le museau. Que c'est dur de ne pas envoyer une réponse cinglant à ce novice. « Je me suis blessée à la patte. » explique-t-elle finalement, son calme revenu. « Puisque notre guérisseuse est absente, il me semble que c'est à toi qu'incombe la tâche d'y jeter un œil. Tu es son apprenti il me semble, non ? » dit-elle en lui lançant un regard lourd de sens et plein de défi. N'était-il pas au courant que Plume Fauve était la guerrière au plus mauvais caractère de tout le Clan et qu'il ne valait mieux pas lui chercher des puces et des tiques à moins de vouloir se faire dépecer comme une vulgaire souris ? S'il pensait qu'un simple novice allait lui marcher sur la queue, il se mettait la griffe dans l’œil.